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2008 – Tracy Chapman toujours battante

By Miguel Cid, Le Matin, November 07, 2008

En 1988, lors du concert télévisé pour le 70e anniversaire de Nelson Mandela, le monde découvrait une jeune chanteuse folk captivante prônant une révolution sociale. Boosté par «Talkin’bout a Revolution», le premier album éponyme de Tracy Chapman s’envolait dans les charts et trouvait 18 millions d’acquéreurs.

Depuis, la «Dylan noire» continue de chanter contre l’injustice, la pauvreté et le racisme. Elle fête aujourd’hui 20 ans de carrière avec «Our Bright Future», son huitième album studio, et une tournée sans son groupe. Un nouveau CD éclectique et accrocheur où le folk côtoie la country, le reggae et le blues. Et où des réflexions sur la guerre et la religion cohabitent avec des chansons d’amour et des pointes d’humour. Rencontre avec une artiste qui n’a pas pris une ride.

On croit déceler une pointe de sarcasme dans le titre de l’album, «Our Bright Future» (Notre avenir radieux)?
C’est à l’auditeur de décider ce que ces mots signifient dans le contexte de notre époque. D’un côté, il semble y avoir des changements positifs aux Etats-Unis. On a élu notre premier président noir. De l’autre, l’Amérique est embourbée dans deux guerres – en Irak et en Afghanistan – et l’économie bat de l’aile. J’ai pensé que ce titre inciterait à la réflexion.

Il y a pas mal d’humour dans certaines chansons. C’est nouveau chez vous.
Mon sens de l’humour a pointé son nez dans d’autres albums, mais les gens ne le remarquent qu’aujourd’hui. Il y a de l’humour et des chansons gaies dans le disque, mais aussi des titres plus sérieux qui se penchent sur la guerre ou la religion. Suis-je optimiste ou pessimiste par rapport à l’avenir? Disons que je suis réaliste. Il est peu probable que la paix règne dans le monde, mais on peut oeuvrer pour qu’il y ait moins de conflits.

On trouve des mélodies faciles à fredonner sur l’album, à l’instar de «Sing for You». Envie de flirter avec la pop?
En composant cet album, j’ai décidé de ne pas trop compliquer les choses. J’avais envie que les gens puissent, s’ils le désirent, jouer ces chansons eux-mêmes. Il est possible qu’à cause de cela certains titres soient faciles à fredonner et revêtent une couleur plus pop. Mais mon objectif n’était pas de faire un disque pop.

Dans vos premières chansons grondait une certaine colère. L’injustice vous révolte toujours?
J’ai grandi à Cleveland, dans le Midwest, une ville industrielle en transition où le taux de chômage était déjà très élevé durant mon adolescence. La discrimination et les émeutes raciales faisaient partie de mon quotidien. Les membres de ma famille – des gens pauvres issus de la classe ouvrière – luttaient pour gagner leur vie et s’en sortaient à peine. C’est ce sentiment d’injustice qui a nourri mes chansons.

Qu’écoutiez-vous à l’époque?
Les disques de mes parents, du r’n’b, de la soul et du gospel. La musique folk ne faisait pas partie de la vie des Noirs à Cleveland. Je pense que des artistes comme Stevie Wonder, Marvin Gaye ou James Brown m’ont influencée parce qu’ils écrivaient des chansons qui abordaient des problèmes politiques ou sociaux.

Aujourd’hui, vous repartez seule sur les routes pour la première fois depuis dix ans…
C’est ma façon de marquer ce 20e anniversaire. Je retourne à mes racines, là où tout a commencé pour moi: seule sur scène.

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