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2003 – Le nouveau visage de Tracy Chapman

Par Emmanuel Marolle, Le Parisien, lundi 03 février 2003

TRACY CHAPMAN se fait rare sur les scènes françaises. Jusque-là, elle n’était venue que trois fois depuis 1988. Ses concerts à guichets fermés ce soir et demain, au Grand Rex, suivis d’une mini-tournée française, prennent donc des allures d’événement. Ils confirment aussi que Tracy Chapman a changé. On se souvenait de son visage grave, celui d’une jeune artiste avare de confidences, garçon manqué au regard triste, arrivant avec sa seule guitare pour « parler de la révolution ». Quinze ans après, « Talkin’bout’revolution », son premier tube, reste un bijou inusable de folk enragé.

« Les grands studios perfectionnés créent une distance entre les musiciens et la chanson »

Mais, désormais, à 39 ans, c’est une Américaine souriante, aux longues dreadlocks, qui se prête volontiers au jeu des questions-réponses. Surtout quand il s’agit de parler de sa musique et de son splendide dernier album, « Let it rain », sorti en octobre et vendu à près de 200 000 exemplaires en France (*). Un disque, « plus intime, plus naturel », selon ses propres termes, privilégiant la sobriété de l’acoustique, aux productions clinquantes. « Les grands studios perfectionnés créent une distance entre les musiciens et la chanson, explique-t-elle. Là, j’ai composé ce disque à la maison, puis nous avons enregistré dans un vieux studio qui n’a pas changé depuis les années soixante-dix. Il n’y avait pas beaucoup d’espace, c’était l’endroit idéal. »

« Je cherche davantage le côté symbolique et poétique des choses »

Tracy Chapman y a trouvé ce qu’elle aime le plus, « la musique qui révèle l’humanité, où l’on entend la respiration du chanteur, le frottement des cordes de guitare ». Dans cette économie de moyens, c’est aussi la nudité des textes qui frappent, beaucoup moins engagés qu’autrefois. Une appréciation qu’elle rectifie, là aussi, dans un sourire. « Je n’aime pas le terme engagé. Je ne l’emploie jamais pour parler de mes chansons. Pour moi, tout est lié dans la vie : le quotidien, le social, le politique. » Il n’empêche. Dans « Let it rain », on peine à retrouver ces tranches de vie de l’Amérique des sans-grade qui habitaient ses premiers disques. « Avant, j’avais tendance à raconter des histoires de manière très précise. Maintenant, je cherche davantage le côté symbolique et poétique des choses. Ma façon de voir est différente aujourd’hui. Pour moi, c’est une forme de maturité. » La musique peut-elle changer le monde ? « Non, conclut-elle, mais elle peut influencer notre façon de penser. Ce sont les gens qui changent le monde. C’est déjà ce que je pensais à 16 ans quand j’ai écrit les paroles de Talkin’bout A Revolution. »


Tracy Chapman en concert ce soir et demain à 20 h 30 au Grand Rex, 1, bd Poissonnière Paris II e . Tél. 01.45.08.93.89. Places de 34 € à 50 €. Complet.
Et le 6 février à Lyon, le 7 à Marseille, le 9 à Nice et le 22 à Strasbourg. (*) « Let it rain » ressort le 11 février avec en bonus un CD de 5 titres live (disques East West).

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